Tête dite "de vizir"

Cette tête aux traits vigoureusement individualisés léger prognathisme, sillons naso-géniens (sous le nez). marqués - appartenait peut-être à une statue de vizir. Les traces visibles de part et d'autre du cou peuvent être interprétées comme les bretelles retenant le vêtement empesé porté par le vizir lorsqu'il siège. Mais ces éléments, rappelle Charlotte Lejeune, pourraient aussi suggérer le cordon retenant une amulette sur le torse du dignitaire. Le vizir - vocable venant de l'arabe et emprunté aux institutions ottomanes - dénommé dans l'Egypte pharaonique tchati, désigne un personnage de premier plan, une sorte de Premier ministre, intermédiaire entre Pharaon, fils de Rê, et les organes du gouvernement. La fonction remonte sans doute à l'épouse thinite (Ier-Ile dynasties). Elle est fort documentée sous l'Ancien Empire. 

« Le vizir a l'œil sur les finances, gère les grands travaux, les questions foncières, policières, judiciaires, fiscales, les rapports avec les autres administrations civiles et religieuses. A ce titre, il est responsable de la mise en chantier de la tombe du roi » (Charlotte Lejeune). Il mobilise également l'armée, reçoit les tributs des pays étrangers, vérifie la rentrée des impôts. Enfin, il surveille la crue du fleuve et l'organisation de la flotte, souligne F. Daumas. A partir de la XVIIIe dynastie, cette lourde charge se répartit entre deux dignitaires, un vizir pour le nord et l'autre pour le sud du pays. A la Basse Epoque, au premier millénaire av. J.-C., la fonction perd de son importance et disparaît sous la dernière dynastie indigène, celle des Nectanebo (XXXe dynastie).

O.C.