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Miroir

C'est un miroir à huit côtés, entre carré et cercle, entre terre et ciel.
L'eau du centre est le reflet des formes et l'homme abordé cette eau de sa création : un riche encadrement de métal doré et émaillé où s’incrustent des gouttelettes de corail. Au-delà de l'octogone, ce sont efflorescences, coquilles, huit fleurs faites de huit gouttes de corail et un chérubin au visage d'ivoire qui somme le tout et lui donne un sens. 

Lorsque l'on retourne l'objet et que l'on passe de l'autre côté du miroir, la plaque de métal doré est gravée d'entrelacs centrés sur un cartouche occupé par un saint Joseph debout sur un tertre où pousse une tulipe inclinée. 

Le bâton fleurissant qu'il tient à la main tranche tout l'ovale, coupe la tulipe et semble relier ciel et terre.

De son autre main, il tient un livre qui doit constituer le lien entre les deux testaments. Une opposition nette semble établie entre le bâton fleuri, signe de la vivacité du message du Christ, la symbolique du miroir, sa forme même, les fleurs épanouies formées du sang du sauveur et cette fleur honnie que saint Joseph repousse de son bâton. Le contexte historique et géographique peut nous aider à interpréter son symbole. Nous sommes à la fin du XVIème siècle, après la victoire de Lépante où les risques d'incursion ottomane ont été déjoués par une coalition catholique. 
La tulipe est la fleur ottomane par excellence et ce peut être la victoire du catholicisme sur les menées turques. 
La tulipe est aussi un accessoire du tarot, figuration de l'accession à la pleine sagesse, et la leçon pourrait être adressée à ceux qui seraient tentés par d'autres voies que l'orthodoxe. 
Nous sommes au temps de la Contre-Réforme où le clergé essaie de reprendre les rênes après les excès païens d'une Renaissance humaniste, et dans un Sud où les superstitions et la déviance magique sont encore un risque. Le sens final de notre miroir est donné par les éclats de corail qui le parsèment. Il faut bien y voir les gouttes de sang du Christ ressuscité et non celles de la gorgone Méduse comme la légende napolitaine le colportait. 

Frédéric Challiol

Présentation de l'œuvre

Lieu

Naples

Siècle
XVIe siècle

Caractéristiques

Matières

Bronze doré, émail blanc, corail, ivoire

Dimensions: H : 60 cm ; l : 45 cm ; Prof. : 8,5 cm

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

23726

Musée d'accueil
Musée Calvet
Provenance

Donation Puech à L'institut Calvet

Bibliographie et expositions

Bibliographie

Marcel Puech. Une vie, un don. Chefs-d'oeuvre de la donation Marcel Puech
Foissy-Aufrère, Marie-Paule. Avignon, 1995