/sites/default/files/images_oeuvres/2023-03/94186027.jpg

Caravage dans son atelier

1835

Le Caravage (1571-1610) dans son atelier sous les traits du peintre Bigand, 1835

Bigand est un peintre d’Histoire, de sujets religieux et de portraits. Elève de Louis Hersent à l’Ecole des Beaux-arts de Paris dès 1834 et ce jusqu’en 1868, il expose au Salon, essentiellement des portraits et sujets religieux destinés à des institutions ecclésiastiques. Grâce à Horace Vernet, il entra en relation avec le naturaliste, numismate et bibliophile, Esprit Requien et, par son canal, fut introduit dans la vie culturelle avignonnaise. Il peignit, entre autres, des célébrités provençales. Baudelaire le surnomme « Bigand le coloriste ».

Le tableau, peint en 1835, exposé au Salon à Paris en 1837, apparaît sous le nom de Gustave Bigand (n° 126, Michel-Ange de Caravage). Ce titre a été donné probablement par le peintre lui-même.

Le sujet est censé représenter l’artiste de génie, un porte crayon et non un pinceau en main, assis à une table et fixant le spectateur d’un air impérieux. Le peintre apparaît occupé à dessiner la statuette d’un ange élevant une croix, devant laquelle est posé un crâne.

Bigand livre ici une vision fantasmée de l’atelier d’un grand maître du XVIIe siècle, à l’aune des connaissances historiques de l’époque sur le peintre italien. Suivant la tradition, n’ayant jamais dessiné ni préparé ses compositions peintes,

Caravage croquait à partir de modèles vivants issus de la société civile, des débauchés de Rome (mendiants, mercenaires, ivrognes, courtisanes…).

L’approche naturaliste du maître a dû séduire les artistes appartenant au courant réaliste de la peinture qui s’épanouit, vers le milieu du XIXe siècle, représenté notamment par Courbet et Manet. Caravage a pu apparaître, à leurs yeux, comme un père spirituel. Le choix accompli par Bigand de représenter Caravage dans son atelier, pourrait être audacieux voire précurseur pour la redécouverte de son œuvre au XIXe siècle, mais l’identification du personnage à Caravage n’est que pure conjecture. En effet, l’examen du visage permet de reconnaître avec certitude Bigand lui-même. Nul doute n’est permis grâce à la comparaison avec son autoportrait des années 1840-1850, conservé au musée Calvet.

Dans cet autoportrait, Bigand semble donc endosser la personnalité de Caravage, situé dans ce que l’on imaginait être l’atelier d’un ancien maître célèbre. En se mettant délibérément en scène, à l’intérieur de cet atelier de fantaisie, reconstitué à partir d’éléments disparates et en prêtant ses traits à un illustre représentant de la peinture ancienne.

Franck GUILLAUME

Présentation de l'œuvre

Artiste
Auguste BIGAND
Date

1835

Siècle
XIXe siècle

Caractéristiques

Matières

Huile sur toile

65,5 cm x 55 cm

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

860.2.7

Musée d'accueil
Musée Calvet
Provenance

Legs Esprit Requien à L'institut Calvet, 1860