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Portrait de Joseph Vernet

1782

 

Contrairement à Elisabeth Vigée-Le Brun, Adelaïde Labille-Guiard (1749-1803) n’est pas née dans un milieu d'artistes. Son professeur fut le miniaturiste François Elie Vincent, dont elle devait épouser le fils, François André, en 1799, après un mariage malheureux avec Nicolas Guiard. 

Membre de l'Académie de Saint-Luc à partir de 1769, Adélaide Labille-Guiard se fit d'abord une spécialité de portraitiste en pastel et devint célèbre dans ce genre. C'est Vincent qui lui enseigna à peindre à l'huile et qui favorisa son admission à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1785, en même temps que Vigée-Le Brun. Moins liée à la cour que cette dernière,  Labille-Guiard ne s'éloigna pas de Paris avec la Révolution. Elle continua au contraire à exposer au Salon et bénéficia d’un logement dans l'ancien collège des Quatre-Nations, l'actuel palais de l’institut.

Ce portrait représente-t-il vraiment Joseph Vernet ?

Pour certains, la peinture exposée par Labille -Guiard en 1785 est perdue ; c’est l'opinion d'Olivier Michel et Pierre Rosenberg, qui ne citent pas le tableau d'Avignon (Paris-Rome, 1987, p. 236). En revanche Philip Conisbee n'exprime aucun doute (Londres, 1976). Avant que la peinture n'entre au musée Calvet, Anne-Marie Passez (1973) avait posé et discuté le problème.

Nous possédons plusieurs portraits certains de Vernet vers la fin de sa carrière. Après celui de Louis Michel Vanloo de 1768 (voir cat. n° 206) viennent une peinture d'Elisabeth Vigée-Le Brun (1778, Louvre), un portrait gravé par Nicolet d'après Cochin, de 1781, et un buste en bronze par Simon Boizot (1783, Londres, Victoria & Albert Museum ; une version en marbre de 1806 déposée par le Louvre au musée Calvet). La comparaison de ces différentes effigies permet de suivre les altérations apportées par l’âge aux traits du peintre. Dans le tableau de Vanloo, à cinquante ans un peu passés, la figure encore pleine, fortement charpentée, est celle d'un homme dans toute la vigueur de la maturité. Dix ans plus tard, Vigée-Le Brun nous montre un visage amaigri, où les yeux se sont creusés et où les joues commencent à s'affaisser ; la bouche a perdu son sourire confant. Boizot a accusé I'amaigrissement de son oncle par alliance jusqu'à lui donner un faciès décharné avec une expression sarcastique qui fait penser au Voltaire de Houdon. Le modèle de Labille-Guiard ne semble pas doté de la même énergie mais plutôt assailli de pensées mélancoliques.

Anne-Marie Passez concluait que le tableau d'Avignon avait les plus grandes chances d 'être le portrait exposé en 1785 sans assurer qu'il le fût.

Il y a là une sage réserve que l'on ne peut que partager. Rien dans le tableau n'indique que le modèle soit un peintre. La figure est détachée sur un fond vide, les mains ne sont pas visibles et le vêtement, soigné sans aucune affectation, dénote l'aisance d’un homme de bonne compagnie.

Labille-Guiard montre ici un sens aigu de l’observation. Sans faire étalage de virtuosité, elle se livre à de beaux effets de pinceau.

La cravate, le tissu de la veste et les cheveux sont décrits dans une pâte ferme et sûre qui donne à ce portrait une grande séduction.

LABILLE-GUIARD (ADELAIDE)

Extrait du livre « la peinture française du XVIème au XVIIIème siècle » par George Brunel – Silvana Editoriale (page 76)
 

Présentation de l'œuvre

Artiste
Adélaïde LABILLE-GUIARD
Date

1782

Siècle
XVIIIe siècle

Caractéristiques

Matières

Huile sur toile

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

22881

Musée d'accueil
Musée Calvet
Provenance

Achat de L'institut Calvet en 1976

Etablissement recevant le prêt

Musée national des châteaux de Versailles et de Trainon

Ville de l'établissement recevant le prêt

Versailles

Nom de l'exposition du prêt

Adélaïde Labille-Guiard (titre provisoire)

Date de début du prêt
Date de fin du prêt

Bibliographie et expositions

Bibliographie

Extrait du livre « la peinture française du XVIème au XVIIIème siècle » par George Brunel – Silvana Editoriale (page 76)