Portrait de Virginia Parker, Madame Joseph Vernet
1767
Virginia Parker (1728-1810) épouse Joseph Vernet à Rome en 1745.
Belle et avenante, Mme Vernet a été représentée plusieurs fois par son mari dans des vues de ville ou de monuments : on se bornera à citer la Vue de la villa Ludovisi de 1749 (Saint-Pétersbourg, Ermitage) et la Vue du port de Marseille de 1754 (Louvre) ; un petit enfant est près d'elle, tout jeune dans le tableau de l'Ermitage, plus grand déjà dans celui du Louvre : c'est Livio, le premier enfant né de ce mariage, et baptisé à Rome, à Sant ‘Andrea delle Fratte, le 2 juillet 1747. Les autres enfants Vernet sont nés en France pendant les pérégrinations auxquelles la commande des ports vouait la famille : Carle à Bordeaux le 14 août 1758 et Emile 20 juillet 1760 à Bayonne.
En 1760 elle donne les premiers signes d'un certain déséquilibre. Joseph Vernet acheta une maison de campagne à Rueil en 1767, qu’il revendit deux ans plus tard. II est probable qu’il cherchait à procurer à sa femme un séjour plus tranquille que celui de Paris, tout en étant proche.
L’état de Mme Vernet s'aggravant, il dut se résigner à prendre des mesures douloureuses. En 1774, elle fut interdite pour cause de démence et placée dans une pension à Monceaux (Oise). Elle survécut environ vingt ans à son mari : son inventaire après décès date du 21 décembre 1810 (Arch. nat., MC, LVI, mentionné dans répertoire 19 ; document non consulté).
Le portrait de Van Loo montre donc Virginia Parker au début de sa maladie. Vêtue d’une robe blanche sur laquelle est posé un voile de mousseline rayé qui recouvre la tête (Rolland, 2012), elle porte dans la main une coupe où brûle une flamme. C'est évidemment le costume d'une vestale.
Rien n'est plus saisissant que le contraste entre le regard de Joseph Vernet, qui se plante droit dans le regard du spectateur, et celui de Mme Vernet, qui flotte dans le vague tandis qu'un faible sourire anime à peine ce visage absent.
Ce portrait fut exposé au Salon de 1767 sans rencontrer de succès.
Diderot, qui parle longuement du sien propre, n'a pas même évoqué celui de Virginia Parker, sinon par prétérition : Vanloo, dit-il expose des « portraits sans nombre à ne compter que les bons »
Présentation de l'œuvre
1767
Caractéristiques
T. ovale H. 0,65 ; L. 0,56
Données spécifiques
Inv. 22380
Don de la famille Delaroche-Vernet en 1951 à L'institut Calvet
Bibliographie et expositions
La peinture française du XVIème au XVIIIème siècle.
Catalogue raisonné du Musée Calvet
Edition Silvana Editoriale 2015
Salon de 1767 n°9