La Vierge, l'Enfant et un Donateur

L'acquisition de ce tableau et de son pendant en 1836 témoigne de l'attention portée à la peinture dite gothique par les connaisseurs à l'époque de Louis-Philippe. Depuis le début du XIXème  siècle, un regain d'intérêt pour le Moyen Age s'est manifesté dans toute l'Europe. Parmi les écrivains français qui ont participé à ce mouvement, on se rappellera Chateaubriand, dont Le Génie du christianisme parait en 1802, Germaine de Staël (De l'Allemagne, 1815), et, plus proche de la date qui nous intéresse ici, Victor Hugo (Notre-Dame-de-Paris, 1851 ). 
C'est sans doute parce qu'elles provenaient d'Apt que les catalogues de 1909 et de 1924 les ont rangées dans l'école dite provençale ou avignonnaise. Labande (1932) les a situées vers 1520 : il y note un mélange de traditions locales, sensibles dans le portrait du donateur, et d'influences italiennes, qui se lisent dans les figures de la Vierge et de l'Enfant et dans les candélabres de l'encadrement. 
À l'occasion de l'exposition La Peinture en Provence au XVIème siècle, Marie-Claude Leonelli a proposé une attribution à Pierre Boeuf. Les tableaux qu'elle a regroupés sous ce nom forment à coup sûr un ensemble cohérent du point de vue du style, et l'on n'a pas de peine à penser qu'ils relèvent de la même main, mais quelle main ? Si l'attribution à Pierre Boeuf du triptyque qui représente La Vierge et l'Enfant, Saint Roch et Saint Sébastien, de l'église de Pélissane, ne faisait aucun doute, on admettrait sans difficulté celle des autres peintures du groupe, dont les deux tableaux du musée Calvet. Mais elle reste une hypothèse et il y aurait de la témérité à considérer Pierre Bœuf comme l'auteur indiscutable de ces peintures.