Le viol de Lucrèce
entre 1750 et 1760
On ne connaît pas l'histoire de ce tableau avant son acquisition par Marcel Puech.
Foissy-Aufrère (1995) a repris l'attribution à Louis Jean François Lagrenée qu'il portait chez le collectionneur.
Dans une note manuscrite (documentation son musée), Jacques Foucart le situait "dans le climat Lagrenée-Pierre" il a été aussi donné à Pierre Charles Le Mettay.
Son auteur est en réalité Charles Hutin, comme le prouve l'estampe qu'il a publiée lui-même. (Recueil de différents sujets composés et gravés -Charles Hutin à Dresden, 1763, augmenté les années suivantes).
La gravure n'est pas datée; on peut présumer que le tableau a été peint entre 1750 et 1760.
Le sujet est tiré d'un épisode bien connu de l'histoire romaine qui se place sous le règne de Tarquin le Superbe.
Le fils de celui-ci, Sextus Taquin, s'est pris de passion pour Lucrèce, la femme de son cousin Tarquin Collatin, laquelle est un modèle de vertu.
Accueilli sans méfiance par la jeune femme dans la maison de Collatin, en l'absence de celui-ci parti pour la guerre, il s'introduit nuitamment dans sa chambre, armé d'un poignard, et lui laisse le choix entre la mort et le déshonneur : si elle lui résiste il tuera un des serviteurs pour faire croire à un adultère domestique.
Lucrèce cède mais, le lendemain ayant fait venir son mari et ses parents, elle leur raconte l'histoire et se poignarde devant eux.
A l'appel de Brutus, lui-même parent de Lucrèce, les Romains se soulèvent, chassent Tarquin le Superbe et instaurent la république.
Selon le choix du moment représenté, l'histoire de Lucrèce peut célébrer l'héroisme de la vertu outragée, la fierté des hommes dressés contre la tyrannie ou la détresse de la femme violentée.
C'est ce dernier parti que Hutin a choisi.
Il met face à face l'homme et la femme en accusant l'expression de la brutalité chez I'un et du désespoir chez l'autre. Le manteau rouge de Tarquin se détache dans la pénombre livide de la chambre; une lumière froide tombant sur le corps de Lucrèce accentue le climat dramatique de la scène. L'effet de cauchemar est amplifié par les draperies qui se convulsent, ce qui permet à l'artiste de faire oublier quelques incohérences dans sa composition, car on ne comprend pas dans quel sens se place le lit de Lucrèce ni d'où a surgi son agresseur.
Présentation de l'œuvre
entre 1750 et 1760
Caractéristiques
H 1.410 ; L : 1.690
Données spécifiques
23639
Don Puech à L'institut Calvet 1986
Bibliographie et expositions
La peinture française du XVIème au XVIIIème siècle
Par Georges Brunel, édition Silvana Editoriale, Milano, 2015.