Portrait d'un femme âgée
1644
II n'a pas été possible de reconstituer l'histoire de ce tableau avant son apparition dans le commerce à Lyon, en 1837.
Il a connu selon les époques une faveur inégale qu'il est intéressant de rappeler. À partir des années 1860 et de la redécouverte des frères Le Nain par Champfleury, le portrait d'Avignon, réputé alors être celui d'une marquise de Forbin entrée en religion, a été célèbre ; il passait pour I'une des oeuvres les plus importantes de la collection.
Toutes les publications portant sur le musée Calvet le mentionnent, souvent avec de longs développements sur ses qualités : "Un tableau que le Louvre serait jaloux de posséder" écrit Clément de Ris en 1864, et Gonse opine en 1874 : "Superbe portrait de la marquise de Forbin". « Austérité » et « gravité » sont les mots qui reviennent sans cesse dans ces dissertations enthousiastes.
C'est à partir des années 1930 que certains ont commencé à exprimer des doutes sur l'authenticité du tableau. Une note manuscrite (documentation du musée) fait état des hésitations de Charles Sterling : "copie d'atelier" disait-il. En 1962, Vergnet-Ruiz et Laclotte, tout en admirant la « gravité émue » de la peinture, ajoutent : « Il s'agit peut-être d'une réplique fidèle ».
Lors de l'exposition Le Nain au Grand Palais (1978-1979), Thuillier a été plus catégorique : « difficile d'y voir la main d'un des Le Nain. Tout semble indiquer copie ancienne où l'inscription et la signature auraient été soigneusement reportées », écrit-il.
Cette opinion est partagée par Rosenberg (1993) qui, plus radical, y voit "une bien faible copie" .
Voici donc un tableau qui, en un peu plus d'un siècle, est passé du statut de chef-d'oeuvre à celui de copie médiocre.
Que penser de ce retournement ? Ce n'est pas qu'une restauration aurait soudainement changé l'aspect de la peinture.
D'après les documents que l'on possède, elle n'a guère subi d'interventions et à l'examen elle ne donne pas le sentiment d'un tableau usé et repeint.
L'explication est plutôt à chercher dans les propriétés de l'oeuvre elle-même. Ce qu'elle a de dur a été relevé par certains critiques anciens.
En 1907, Emile Bailly notait une "certaine sécheresse". Jamot (1922) parle d'une « image expressive, austère, un peu dure même ». Cette austérité, si souvent célébrée par les écrivains duXIXème siècle, peut être vue comme la manifestation d'un élan spirituel qui, face à une âme sublime, élève le peintre au dessus des séductions du monde.
Elle peut aussi s'interpréter comme le laborieux effort d'une main sans génie qui fait de son mieux pour imiter la production d'un pinceau plus habile. C'est l'interprétation d'aujourd'hui
Présentation de l'œuvre
1644
Caractéristiques
H : 0.745 ; L : 0.58
Données spécifiques
838.2
Achat de L'institut Calvet en 1837
Bibliographie et expositions
La peinture française du XVIème au XVIIIème siècle
Par Georges Brunel, édition Silvana Editoriale, Milano, 2015.