Sphinx acéphale
Basse Epoque, XXVIe-XXXe dynastie
Ce sphinx, de dimensions modestes, reprend le type classique, apparu à la Ve dynastie, du lion couchant pourvu d'une tête royale coiffée du némès, comme le confirment les deux pans antérieurs non striés tombant sur le poitrail ainsi que le catogan conservé sur le dos, seuls vestiges, avec l'arrachement d'une barbe postiche, de cette tête aujourd'hui disparue.
L'animal repose sur un socle bas parallélépipédique dont le côté droit à été entièrement emporté. Le traitement du corps est dans l'ensemble assez schématique.
La crinière est indiquée par une surface plane en légère saillie qui recouvre l'ensemble du poitrail et s'arrondit sur l'épaule en une échancrure en demi-lune.
Les pattes antérieures plutột épaisses et courtes, convergent sensiblement vers l'axe longitudinal de la statue. Chacune se termine par quatre griffes bien individualisées. Sur l'extérieur, le coussinet carpien est indiqué par une double incision lenticulaire, suivie de trois petites stries suggérant des poils et que prolonge jusqu'à l'articulation du coude un sillon rectiligne.
La musculature de l'épaule est figurée par un motif schématique dont la silhouette évoque un trou de serrure.
Sur les flancs, six rainures verticales de même longueur matérialisent les côtes, sans souci de réalisme. Un pli de chair rejoint, depuis l'articulation des pattes antérieures, le sommet de l'arrière-train.
La musculature des pattes postérieures, en position fortement fléchie, est elle aussi rendue de manière simplifiée : le modelé arrondi de la cuisse est complété par deux légères dépressions obliques.
La queue, représentée de façon naturaliste et terminée par une épaisseur de crin, s'enroule enfin autour de la patte postérieure droite. Le poli de la pierre, qui n'a peut-être pas été achevé, laisse apparaitre de nombreuses petites dépressions en surface.
L'absence de toute inscription et la disparition du portrait royal privent cette statue d'indices de datation immédiats.
Néanmoins, le traitement simplifié du corps et de sa musculature trouve des parallèles dans l'abondante production de sphinx de la Basse Époque, entre la XXVIe et la XXe dynastie, voire le début de l'époque ptolémaïque (notamment les sphinx du Serapeum).
Les analogies sont peut-être même plus particulièrement étroites avec les sphinx au nom de Nectanébo 1er ,dont un grand nombre, dans des matériaux et dimensions variés, avec ou sans barbe postiche, est parvenu jusqu'à nous.
Le rendu schématique des côtes de l'exemplaire d'Avignon semble en revanche relever d'un type isolé, La pierre utilisée (grauwacke) s'accorde enfin avec une telle date tardive.
Hypostase belliqueuse du souverain depuis l'Ancien Empire, le sphinx dans sa version statuaire a le plus souvent été préposé à la protection des accès aux édifices culturels.
Les voies processionnelles bordées de sphinx qui se développent à partir du Nouvel Empire illustrent de manière spectaculaire cette fonction protectrice. La destination du sphinx A 46 reste toutefois aussi incertaine que sa provenance.
Ses dimensions modestes excluent qu'il ait pu prendre place dans un dromos monumental.
Elles le rattachent pourtant à une catégorie assez nombreuse de sphinx de Basse Epoque dont la longueur n'excède pas 1 mètre et qui n'appartiennent manifestement pas à de vastes séries.
Le contexte d'origine de ces sphinx n'est malheureusement pas documenté.
L.P
Présentation de l'œuvre
Basse Epoque, XXVIe-XXXe dynastie
Caractéristiques
grauwacke
H.31; L.78 . l :24,5 cm
Données spécifiques
A46
Achat de L'institut Calvet à Marius Clément, 1838
Bibliographie et expositions
Fastueuse Egypte
Sous la direction d'Odile Cavalier
Catalogue de l'exposition - 25 juin au 14 novembre 2011.
Avec la collaboration scientifique de Jean-Claude Goyon et Lilian Postel,
Paris, Editions Hazan, 2011