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Dévouement de Marcus Curtius

L'histoire de ce tableau est singulière. On ne connaît pas sa provenance ancienne et on ne sait pas comment il était venu en possession d'Esprit Calvet. Il fut légué par celui-ci et figure à ce titre dans tous les catalogues du musée à partir de 1829.

Il disparut, volé à une date que l'on ne peut pas préciser, mais certainement entre 1879 et 1924, puisque le catalogue publié cette année-là ne le mentionne pas. 

En 1978, un Marcus Curtius dont le signalement correspondait à celui du tableau Calvet apparut chez un marchand parisien. Il fut reconnu par Antoine Schnapper. L'affaire était délicate car, une oeuvre de collection publique étant inaliénable et imprescriptible, il aurait été en principe possible d'en réclamer la restitution pure et simple. 

Trois quarts de siècle avait passé et la bonne foi du marchand ne faisait pas de doute. L'administration de l'époque eut la sagesse d'approuver l'achat sans demander d'explications et la peinture, qui aurait dû porter le numéro d'inventaire 810.10, a reçu un nouveau numéro, comme si elle venait d'entrer dans la collection. 

Le sujet est tiré de Tite-Live (VII, 6, 1-6). En 562 av. J.-C., un précipice impossible à combler s'ouvrit dans le forum. Un oracle révéla qu'il fallait sacrifier à cet endroit ce que la ville avait de plus précieux si on voulait qu'elle dure éternellement. 
Un jeune Romain d'une valeur exceptionnelle, Marcus Curtius, s'exclama que Rome ne possédait rien de plus précieux que ses soldats et, monté sur son cheval, se précipita dans le gouffre. 
Ce trait de dévouement héroïque a été souvent représenté depuis la Renaissance jusqu'à la fin du XVIIIè siècle. 

Schnapper a reconnu que Nicolas Mignard avait pris le groupe central de son tableau à une estampe de Jean Mignon d'après Luca Penni, de 1545 environ, et souligne la dépendance du jeune artiste à l'égard des maîtres de Fontainebleau. 

L'oeuvre trahit une certaine gaucherie. Les personnages sont massés au premier plan ce qui a empêché le peintre de donner au décor l'ampleur que l'on attendrait. Trois figures sont censées traduire la stupeur des assistants, mais leurs poses sont figées et convenues. Aussi constate-t-on que la peinture, dont l'attribution correcte avait été donnée par Calvet, est devenue anonyme à parti de 1858. Elle ne semble pas avoir intéressé les visiteurs du musée au XIXè siècle. 

Quoique sa qualité n'en fasse pas un chef-d'oeuvre, elle est du moins un document important sur les débuts de Nicolas Mignard.

Présentation de l'œuvre

Artiste
Nicolas MIGNARD

Caractéristiques

Matières

H : 0.94 L : 0.706

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

22960

Musée d'accueil
Musée Calvet
Provenance

Legs Calvet en 1810

Volé entre 1909 et 1924 - Rachat 1978 à M.Cabanel

Bibliographie et expositions

Bibliographie

La peinture française du XVIème au XVIIIème siècle 
Par Georges Brunel, édition Silvana Editoriale, Milano, 2015.