Toile de lin à franges

Durant toute la période pharaonique, l'armure qui prédomine est une armure simple, ou armure toile, caractérisée par un entrecroisement régulier des fils de chaîne et des fils de trame. Le lin supportant mal la teinture, les étoffes colorées, presque exclusivement en indigo, sont rares.

Le textile présenté ici consiste en une grande toile de lin écru conservée dans sa totalité, comme en témoignent les deux lisières sens chaîne et les bordures de début et de fin de tissage frangées, encore présentes.
La largeur de la toile n'excède pas 1,30m, correspondant à l'envergure moyenne des bras d'un homme et au travail d'un seul tisserand, ce qui pourrait attester l'usage d'un métier horizontal pour la confection de cette pièce.  
Bien que le filage et le tissage soient fins, l'armure toile qui constitue notre tissu est lâche et irrégulière, les trames étant espacées de quelques millimètres, et les fils de chaîne alternativement groupés puis espacés de quelques centimètres, créant ainsi un important réseau de jours. Aux extrémités de la pièce, les fils de chaîne ont été réunis afin de former des franges mainte nues par des noeuds.

L'ensemble de ces éléments, ainsi que la torsion des fils en S et la présence du splicing, technique caractéristique de la période pharaonique consistant à retordre en S deux bouts S afin de former un fil continu, permettent de rattacher notre textile aux productions de cette époque. 

Ce type de toiles a été retrouvé en grand nombre dans les tombeaux, où elles étaient réutilisées comme linceuls autour des corps momifiés, ou encore placées à côté des défunts, parmi les objets de la vie quotidienne qui devaient les accompagner dans l'au-delà. Un tel remploi permettrait certainement d'expliquer l'extraordinaire état de conservation de cette pièce, sur laquelle aucune trace de bandelette ne semble pouvoir être décelée. 

A. M.