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Statuette

Période hellénistique 

Statuette brisée en haut sous le cou et sur les épaules, en bas au-dessus des genoux ;main gauche emportée avec l'extrémité de la double corne d'abondance ; épaufrures sur les arêtes du pilier dorsal et sur le sein gauche 

Cette statuette acéphale adossée à un pilier anépigraphe se conforme à des conventions de représentation répandues dans l'art de style égyptien de l'époque lagide. Jambe droite portée en avant, le personnage féminin représenté est vêtu d'une tunique fine qui lui moule la poitrine et dont les manches longues collent à la peau.
Il porte un manteau ou grand châle noué au-dessus du sein droit et serre contre le côté gauche de sa poitrine une double corne d'abondance, le bras droit abaissé contre le corps, la main plaquée contre le côté de la cuisse, les doigts serrés, tenant un objet dont il reste une sorte de manche. 
Le modelé des seins opulents est caractéristique du traitement du corps féminin à l'époque lagide. 

On discerne près de la cassure, sur l'épaule droite, l'extrémité des boucles en forme d'anglaises de la perruque caractéristique d'lsis, comme l'est le châle isiaque noue au-dessus du sein droit avec le noeud que l'on appelle isiaque. 

On restituera dans la main droite une clef de vie. L'assimilation à Isis est fréquente pour les reines lagides, mais on ne pourrait pas préciser l'identité de la figurer représentée à Avignon au seul vu du vêtement. L'attribut caractéristique qui permet l'identification comme Arsinoé II est La doubLe corne d'abondance, attribut du couple des souverains Philadelphes, Ptolémée lI et sa demi-sOeur et épouse Arsinoé II. 

Contrairement à ce que l'on estime parfois, la double corne d'abondance est un attribut réservé à la reine Philadelphe : ainsi, une statue en basalte de Saint-Pétersbourg figure bien Arsinoé ll assimilée à lsis avec la double corne d'abondance, non pas Cléopâtre Ill ou encore Cléopâtre VIl, comme on l'a cru à cause de la présence d'un triple uræus qui n'est en rien caractéristique des portraits de la dernière reine d'Égypte. 

Les portraits de style égyptien de cette reine lagide qui tient la double corne d'abondance obéissent à deux schémas: Arsinoé lI, coiffée d'une perruque à boucles dites libyques, peut porter comme ici une tunique moulante sous un grand manteau à plis noué au-dessus de la poitrine ou bien, coiffée de la lourde perruque tripartite avec un triple uræus, elle est simplement vêtue de la longue tunique moulante.

Une statuette conservée à New York, qui porte les mêmes vêtements que celle d'Avignon, présente un intérêt particulier, car le pilier dorsal y porte en hiéroglyphes le nom d'Arsinoé II («Arsinoé, divine, aimant son frère»). 
La tête coiffée en boucles libyques était surmontée d'une couronne dont l'arrachement se voit sur le crâne et le haut du pilier dorsal. Cette statuette en calcaire d'Egypte était aussi peinte, comme en témoignent des traces de polychromie, notamment sur les trois anneaux de la double corne d'abondance peints en rouge et sur la perruque en noir; son visage et son cou étaient dorés.

Lors du nettoyage de la statuette d'Avignon, la restauratrice n'a découvert aucune trace de polychromie ni de dorure. 

Par comparaison avec la statuette de New York, on peut donc restituer sur la statuette d'Avignon une tête coiffée en longues mèches tire-bouchonnées, avec deux parotides, et une rangée de petites mèches frontales, selon un type connu de perruque isiaque ; cette perruque était surmontée d'une couronne qui avait peut-être la forme du basileion d'lsis-Hathor que portent des reines lagides figurées en lsis. 

L'exécution de la statuette d'Avignon se rapproche de celle de NewYork : même si la disposition des plis du manteau diffère d'une oeuvre à l'autre, on constate dans les deux cas un traitement assez sec et hiératique des plis qui contraste avec le dénudement de la poitrine dont les seins se devinent sous l'étoffe transparente. 

Il pourrait s'agir dans les deux cas de portraits posthumes de la reine, car elle est dite «divine» dans l'inscription hiéroglyphique gravée sur le pilier dorsal de la statuette de New York. Son culte, institué après sa mort en 270 avant J.-C. , est encore attesté au 1er siècle avant J.-C. Comme la statuette de New York a été datée du règne de Ptolémée II, entre 270, année de la mort de la reine, et 246, il est possible que la statuette d'Avignon remonte à la même époque. 

 

F.Q.

Présentation de l'œuvre

Date

Période hellénistique 

Lieu

Trouvée à Marseille, « en creusant le canal », suivant Marius Clément

Caractéristiques

Matières

Marbre

H.38 cm ; L.15 cm ; pr. 15 cm 

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

G141

Musée d'accueil
Musée Lapidaire
Provenance

Don Marius Clément en 1850 à L'institut Calvet

Bibliographie et expositions

Bibliographie

Fastueuse Egypte
Sous la direction d'Odile Cavalier

Catalogue de l'exposition - 25 juin au 14 novembre 2011.
Avec la collaboration scientifique de Jean-Claude Goyon et Lilian Postel, 
Paris, Editions Hazan, 2011