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"Châle" romain

Epoque romaine (1er s. av. J.-C. - IVème s. apr. J.-C) 

A l'époque pharaonique, les parois des tombeaux portent souvent, au milieu des scènes de la vie quotidienne, des représentations de grands troupeaux de moutons, témoignant de l'élevage intensif de ces animaux sur le territoire égyptien et de l'utilisation vraisemblable de leur toison pour la confection d'étoffes. 

Toutefois, les exemples retrouvés de textiles en laine sont rares, probablement en raison même du caractère périssable de cette fibre, et d'un interdit religieux, rapporté par Hérodote, selon lequel toute matière animale, considérée comme impure, devait être prohibée des temples et des tombeaux. 

A partir de l'époque gréco-romaine, cette aversion semble disparaitre. La laine est alors produite à grande échelle et, contrairement au lin, supporte très bien la teinture, ce qui permet d'apporter de la couleur aux étoffes. 

La pièce ici exposée, de format quadrangulaire, possède un fond en toile de lin écru. Les lisières sont conservées sur les grands côtés, tandis que l'une des bordures présente encore des franges de lin écru d'une dizaine de centimètres, confectionnées en groupant les fils de chaine. 
A quelques centimètres de cette extrémité, des flottés de chaîne ménagent un décor ajouré de plusieurs centimètres de hauteur. 

Le tissu présente enfin deux bandes parallèles en laine monochrome sur chacun des petits côtés. Le passage de la toile de fond à chaîne dominante à la tapisserie de laine à trame dominante est ménagé par des groupements réguliers des fils de chaîne. La laine est de couleur lie-de-vin, proche de la pourpre que l'on retrouve sur les étoffes romaines les plus luxueuses. 

Cette pourpre véritable, tirée de la glande d'un coquillage marin, est extrêmement précieuse, et les exemples retrouvés sur le sol égyptien sont rares. Aussi, afin d'imiter cette production de luxe, les Égyptiens ont-ils eu recours à une technique de teinture alternative et d'imitation, consistant à plonger les fibres dans des bains de racines de garance (rouge) et d'indigo (bleu), ce qui leura permis d'obtenir des teintes allant du bordeaux au pourpre violet. 

Une telle volonté d'imiter les productions romaines s'explique par le rattachement, à la suite de la victoire d'Octave à Actium en 30 avant J.-C., de l'Égypte à l'Empire romain. Parmi les nombreuses influences alors reçues se trouve le costume romain, comme en témoignent les portraits du Fayoum datés du 1er au IVe siècle de notre ère. Les hommes, les femmes et les enfants du peuple égyptien y sont représentés vêtus de tuniques de lin claires ornées de bandes rouges à lie-de-vin, parfois drapés dans des châles similaires au nôtre, suivant la mode vestimentaire de l'époque.  A.M.

Présentation de l'œuvre

Date

Epoque romaine (1er s. av. J.-C. - IVème s. apr. J.-C) 

Lieu

Probablement Antinoé

Caractéristiques

Matières

Toile de lin écru; tapisserie de lin écru et laine lie-de-vin 

H. 234cm ; L. 104 cm 

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

A103A2

Musée d'accueil
Musée Calvet
Provenance

Don Guimet 1907 à L'institut Calvet

Bibliographie et expositions

Bibliographie

Fastueuse Egypte
Sous la direction d'Odile Cavalier

Catalogue de l'exposition - 25 juin au 14 novembre 2011.
Avec la collaboration scientifique de Jean-Claude Goyon et Lilian Postel, 
Paris, Editions Hazan, 2011