Tissu fragmentaire

La tunique A103A⁸ , conservée dans un état fragmentaire, présente un fond en toile de lin écru, confectionné selon une armure simple, presque totalement équilibrée. Les lisières et les bordures sont manquantes, mais les dimensions de l'encolure et des décors laissent penser à une tunique d'enfant. 

Sur l'un des côtés se détachent en relief deux tresses en lin écru, entourées de laine rouge tous les demi-centimètres environ. Par leur disposition et leur localisation, celles-ci se rapprochent des chaînettes de laine que l'on pouvait trouver sous les aisselles de certaines tuniques d'époque byzantine, et témoigneraient ainsi de l'existence originelle de manches, aujourd'hui disparues. 

Les éléments en tapisserie polychrome présents autour de l'encolure ont été rapportés par couture en point de sujet au cours de l'Antiquité, afin de former un plastron et deux orbiculi d'épaule. Les bordures de ces pièces ne sont pas visibles, ce qui laisse supposer qu'elles n'ont pas été tissées à part, mais prélevées sur un autre tissu et repliées au niveau de cette découpe, avant d'être appliquées sur notre tunique. 

Ces tapisseries frappent par la richesse de leur polychromie et la vivacité encore intacte des couleurs, témoignant du grand savoir-faire des Égyptiens en matière de teinture. Les différentes laines utilisées ici ont été « teintes en fils », préalablement au tissage. 

Après préparation des fibres avec un mordançage dans un bain d'alun, de fer ou de zinc, celles ci étaient plongées dans un bain de racines de garance ou de cochenille pour le rouge, de gaude pour le jaune ou d'indigo pour le bleu, le mélange de ces différentes couleurs per mettant ensuite d'obtenir toute une palette de nuances, allant du vert au rose en passant par l'orange ou le violet. 

Le décor ainsi créé se compose d'une frise de motifs de croix grecques alternant avec des boutons de fleurs sur un fond vert, encadrée par une frise de postes en partie supérieure, et par une succession d'arcades en partie inférieure. Une chaînette en lin écru et laine verte vient souligner l'ouverture de l'encolure, tout en marquant une séparation entre les bandes et les médaillons. 

Sur ces derniers, deux  oiseaux adossés prennent place au milieu d'un cadre étoilé encerclé par des fleurs, deux motifs décoratifs fréquents sur les tuniques d'époque byzantine, auxquelles semble pouvoir être rattachée notre pièce.