Capuchon de tunique d'enfant à boucles de laine rouge

Cette pièce de tissu rectangulaire, aux dimensions modestes, présente un fond en toile de lin écru, sur lequel des trames en laine bleue parallèles aux grands côtés forment un décor de bandes se faisant écho. Les lisières et les bordures du textile sont toutes conservées, malgré quelques lacunes. Sur les grands côtés, les bordures de départ et de fin de tissage ont été consolidées et soulignées par l'adjonction de deux torsades en lin écru, cousues en point de sujet à la toile de fond. L'une des deux apparait plus volumineuse, tandis que l'autre est décorée d'un réseau de boucles en laine rouge, obtenues par l'adjonction de trois trames supplémentaires travaillant ensemble en arrondiments sur toute la largeur de la pièce. Deux d'entre elles limitent leur action à ces arrondiments (sur cinq fils de chaîne), tandis que la troisième sort à intervalles réguliers du tissage afin de former des boucles fermées, d'une longueur approximative de 4 cm. 

Des boucles semblables viennent orner les petits côtés du textile, au niveau des lisières sens chaîne, qui ont éte renforcées sur trois fils par groupement de fils de chaine et adjonction de trames en lin écru, limitant leur action à cette seule lisière. Les boucles sont formées grâce à l'ajout d'un fil continu de laine rouge, travaillant en même temps que le tissage de fond. 
Cette trame supplémentaire prend naissance à l'une des extrémités de chacun des petits côtés et se termine à l'autre bout, au milieu de la toile de fond, que le seul tassement des fils permet de maintenir. Le fil rouge limite son action à la seule lisière renforcée, d'où il s'échappe régulièrement afin de former des boucles dont la longueur, régulière, indique le recours probable à un bâton pour faire les retours de trame et maintenir les boucles et leur distance le temps du tissage de fond. 

Sur la partie en toile de lin, enfin, le long du grand côté le plus endommagé, des traces d'anciennes coutures peuvent être décelées. Celles-ci forment deux cercles de diamètre identique et espacés de quelques centimètres, ce qui indique que cette pièce de tissu était autrefois ornée de deux médaillons de tapisserie rapportés, aujourd'hui disparus. 

A en juger par l'ensemble de ces éléments techniques et décoratifs, notre tissu peut être rapproché d'un capuchon d'enfant conservé au musée du Louvre, dont le montage moderne sur la tunique achevant le costume permet de mieux saisir l'usage d'une telle pièce. Sur cet ensemble aussi, la capuche est une pièce de tissu rectangulaire tissée à part et rapportée. Le long côté comportant des franges a été replié et cousu pour former le haut de la coiffe, tandis que l'autre long côté, renforcé par une torsade, a été cousu sur l'encolure de la tunique. 

Les médaillons en tapisserie, tissés ici en même temps que le fond, viennent orner les tempes de l'enfant, comme cela devait être le cas aussi pour le capuchon du musée Calvet. Sur ce dernier, des franges supplémentaires ont été faites sur les petits côtés, afin d'encadrer le visage de l'enfant une fois la capuche portée. 
Ce type de capuchon venait essentiellement compléter le costume des enfants, les adultes, et plus particulièrement les femmes, préférant porter des résilles confectionnées en sprang ou encore des voiles ornés de bourrelets de tête. 
 

Lors des fouilles menées par l'lnstituto Papirologico G. Vitelli de Florence en janvier 2007 à Antinoé, site probable de provenance de notre capuchon, les équipes d'archéo logues ont pu mettre au jour les corps intacts d'une femme et de son bébé.
Ce dernier était vêtu successivement d'une tunique à manches longues et capuche non décorée, d'une seconde tunique à manches et capuchon à houppe orné de pompons, d'une robe brodée et, enfin, d'une tunique sans manches décorée de clavi rouges, sur laquelle était rapportée une capuche ornée de deux médaillons au niveau des tempes et d'une bordure en laine rouge encadrant totalement le visage de l'enfant.