Buste du poète Edgar Allan Poe (1809-1849)
1911-1912
Henri de Groux : Il semble que l’intérêt de l’artiste pour la sculpture se soit manifesté à date précoce comme il le précise dans ses écrits. Toutefois, la première tentative d’Henry de Groux dans ce domaine désigne le Buste de Beethoven qu’il fait mouler en bronze par un atelier en 1910. Il présente au Salon d’automne de 1911 un grand nombre de sculptures dont des bustes d’écrivains et de musiciens célèbres (Beethoven, Wagner, Baudelaire, Tolstoï…).
Le buste d’Edgar Poe ne répond pas à une commande précise, à l’instar, d’ailleurs, d’autres bustes, mais au désir de célébrer un personnage, dont un trait de la personnalité ou une caractéristique de son œuvre avait marqué le statuaire.
On observe un modelage identique des surfaces des carnations, par les enfoncements de la main sur la pâte, utilisée pour le buste préparatoire, ici figée dans le bronze, technique conférant une forte plasticité et un étonnant dynamisme à la sculpture.
Après le Salon de 1911, Henry de Groux entreprit de faire fondre en bronze certaines sculptures dont des bustes. Tel est le cas du portrait d’Edgar Poe mais également des effigies de Mallarmé, Balzac et Baudelaire (nouvelle épreuve en 1912).
L’activité de sculpteur d’Henry de Groux, relativement brève, a été entravée par le déclenchement de la Première guerre mondiale. Le buste est daté des années 1911-1912.
Edgar Allan Poe (Boston, 1809 - Baltimore, 1849).
Journaliste, auteur prolifique de nouvelles, romancier, auteur de textes de théorie poétique, Poe a été longtemps tenu dans son pays d’origine pour un poète mineur dont le « bizarre génie » (Curtis, 1982, p. 15) demeurait incompris.
De son vivant, sa notoriété repose principalement sur ses contes, les fameuses Histoires extraordinaires, traduites par Baudelaire en 1856. Certaines de ses nouvelles, tel « Le Puits et le Pendule » contribuèrent à l’émergence d’un genre littéraire nouveau, la science-fiction. D’autres récits comme « Le double assassinat dans la rue Morgue », sont à l’origine du roman policier.
En France, et ce dès la seconde moitié du XIXe siècle, son œuvre prosodique suscita l’admiration de ses pairs. En 1853, Baudelaire donna dans l’Artiste une traduction de plusieurs poèmes dont « Le Corbeau », publié par Poe en 1845 dans l’Evening Mirror. A son tour, Mallarmé et ce, dès 1872, s’attela à cette tâche ambitieuse. Une première édition du Corbeau, illustrée par Manet, parut en 1875. Poe a exercé une influence non négligeable sur le mouvement symboliste et décadentiste. Un des plus beaux poèmes de Stéphane Mallarmé, « l’un des fondateurs de notre modernité » (Yves Bonnefoy)
Présentation de l'œuvre
1911-1912
Caractéristiques
Bronze à la cire perdue
58 cm x 42 cm x 36 cm
Données spécifiques
Inv.22166
Don Louis Thomas à L'institut Calvet, 1944