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Coffre aux Vertus Théologales et aux Vertus Cardinales

La Normandie produisit beaucoup d'œuvres de ce type sous l'influence de la cour de Gaillon, imprégnée de culture italienne, ainsi que l'attestent les exemplaires les plus maîtrisés de coffres ornés de Vertus du musée des antiquités de Rouen. C'est en effet à l'art renaissant que se rattache ce meuble où se marient tradition allégorique, costumes français et décor antiquisant parfois mal assimilé, comme le rôle des culs de-four écrasant les personnages au lieu de se détacher derrière leurs têtes, parfois de grande qualité : dauphins affrontés, candélabres, chérubins, rinceaux, sphinges. 

L'analogie entre le coffre, élément principal du mobilier médiéval destiné à contenir vêtements et étoffes, et le tombeau conservant l'enveloppe charnelle, est illustrée par la concordance entre le décor du coffre Puech et celui du tombeau du maréchal de La Palice conservé au musée Calvet. 

Sur les petits côtés, il nous a été difficile d'identifier les allégories représentées, peut-être les Vices.

A gauche cependant, on discerne un homme flanqué d'un lion : l'Orgueil ? 
Sur la face antérieure, malgré des incertitudes dans la représentation des attributs parfois mal compris par les artistes, on reconnaît de gauche à droite: la Température portant une horloge (?) peut être confondue avec la maquette que porte la Foi dans certains cas , l'Espérance tenant une ancre marine, la Force extirpant un dragon d'une tour, la Charité, un cœur dans la main gauche, l'anagramme du Christ dans la droite, la Justice l'épée à la main, la Foi tenant un cierge et un livre saint (?) semble moins convaincante et faire double emploi avec une Prudence qui porte la croix, attribut en général réservé à la Foi et un crâne.

Une fois de plus, l'art des imagiers français illustre avec saveur le combat intérieur incessant que livre le chrétien contre lui-même, entre Vices et Vertus. Sans I ‘Espérance qui lui sert d'ancrage et la Foi, "vertu par laquelle nous croyons à ce que nous ne voyons pas", sans la Force qui permet d'extirper le mal de l'âme, sans la Justice divine qui tranche les imperfections, sans l'aide de la Tempérance et de la Prudence, qui rappellent l'écoulement du temps qui mène inéluctablement à la mort, le chrétien ne peut prétendre accéder à Dieu. Suprême vertu enfin, la Charité n'est qu'amour : amour de l'autre, amour divin. Justement, au-dessus d'elle, la superbe serrure à décor d'architecture gothique, dont l'ouverture à secret est actionnée par les ailes de l'un des quatre séraphins, figure le monde céleste et complète la symbolique de ce meuble chargé de sens, mode d'emploi pour trouver la clé du Paradis ! 

M.-P. F.-A.

Présentation de l'œuvre

Lieu

Nord de la France

Siècle
XVIe siècle

Caractéristiques

Matières

Analyse de la structure : noyer, chêne et merisier ;
Traces de polychromie bleue sur les fonds, rouge sur certains vêtements. Malgré des queues d'aronde factices, la face avant et les deux côtés proviennent d'un seul ensemble la face antérieure n'est pas composée de panneaux assemblés, mais taillée d'une seule pièce. 
L'arrière ne semble pas de la même essence que le panneau avant. 
Le soubassement du coffre et sans doute le couvercle sur lequel on ne trouve pas de coupe d'onglets, ont pu être changés ou remaniés au cours des siècles. 
La serrure est complètement incorporée au décor 

H. 0,70 ; l. :  1,70 ; prof. 0,83

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

23709

Musée d'accueil
Musée Calvet
Provenance

Donation Marcel Puech à l'Institut Calvet

Bibliographie et expositions

Bibliographie

Marcel Puech. Une vie, un don. Chefs-d'oeuvre de la donation Marcel Puech
Foissy-Aufrère, Marie-Paule. Avignon, 1995

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