Figurines de concubines du mort
La figurine de femme nue, aux hanches épanouies, n'ayant cependant pas connu la maternité, et aux bras démesurément longs, plaqués le long du corps jusqu'à la hauteur des genoux, porte une large perruque enveloppante sur laquelle on aperçoit, malgré la peinture noire qui la revêt, les traces du ciseau du sculpteur.
Au niveau de l'occiput naissent trois sillons qui semblent matérialiser des tresses. L'artiste a dessiné, à l'encre rouge, armilles et bracelets ainsi qu'une ceinture qui pourrait rappeler un ornement constitué de cauris. Bien que le visage soit légèrement endommagé, on distingue des traits quasi négroïdes que semble démentir la carnation laiteuse. Détail d'importance, les pieds manquent.
De nombreuses statuettes de ce type dit "Deir el-Bahari" – réparties dans les collections égyptiennes, ont été découvertes dans des tombes du Moyen Empire où elles étaient mises à la disposition du défunt dans le but de l'aider à recouvrer I'usage de sa virilité. L'absence de pieds, couramment observée, est destinée à prévenir une fuite éventuelle ; pour une raison similaire, les mains, plaquées le long du corps, la réduisent à l'impuissance. Pour exciter I'ardeur génésique du mort osirien, chaque statuette reçoit ici moins qu'ailleurs un apparat érotigue, parfois constitué de tatouages imitant des baudriers et des ceintures de cauris coquillage associé à Hathor, déesse de l'amour -,à l'image de ceux que portent les momies de certaines courtisanes.
Mais l'instrument indispensable de la séduction, avec un teint idéal que les Egyptiens se plaisent à comparer à la "faïence claire (tjehenet)",est sans doute l'usage de perruque , comme le rappelle un épisode éloquent du papyrus d'Orbiney.
Caractéristiques
Calcaire en partie peint (noir et rouge)
H 11.6 cm I 4 cm
Données spécifiques
A154
Don Requien en 1835 à L'institut Calvet
Bibliographie et expositions
Egypte et Provence
1985