Fragment de "châle" à semis de fleurs et décor de tapisserie losangique
Vè-VIIè siècle ap J-C
Les deux tapisseries A103A17 et A103A15 conservées à l'état de fragment.
La pièce A103A15 possède un fond en toile de lin écru et présente un décor en tapisserie poly chrome, exécuté au fil du tissage, de forme losangique, ainsi qu'un bouton de fleur en partie inférieure.
Au centre du losange se trouve une tête humaine stylisée dans un petit médaillon, à partir duquel rayonnent quatre tiges végétales aux feuilles lancéolées, ménageant des espaces comblés par de petits losanges.
La transition entre la toile de fond et le décor tapissé à été rendue possible par groupement des fils de chaîne, permettant le passage d'une armure à chaîne dominante à une armure à trame dominante, nécessaire à l'exécution de la tapisserie.
Les détails du décor ont pu être rendus par le recours à diverses techniques spécifiques de la tapisserie telles que les duites courbes et obliques permettant d'épouser les formes des motifs, ou encore les ressauts et navettes volantes, fils indépendants de l'armure de fond, utilisés ici pour rendre les détails du visage ou des tiges végétales.
L'aspect losangique de la tapisserie et le bouton de fleur se distinguent des décors traditionnellement attestés de tunique, de type orbiculus ou tabula, et serait davantage à rapprocher de certains types de «châles» à semis de fleurs retrouvés sur le territoire égyptien ou présents sur les témoignages visuels.
Les thèmes iconographiques développés sur ces deux pièces représentent des lieux communs de l'art textile égyptien d'époque byzantine.
Le premier, le danseur, découle directement du cortège du dieu Dionysos, thème introduit en Egypte durant l'époque grecque, dans lequel satyres et ménades étaient représentés dansant.
Progressivement, le motif même du danseur tend à s'isoler et à devenir un thème purement décoratif, détaché de sa signification première, dont il semble que nous possédions ici un exemple.
De même, les représentations de bustes ou de têtes isolées sont fréquentes sur les textiles. Bien que la plupart d'entre elles soient auréolées, il ne s'agirait cependant pas de représentations de saints, le nimbe étant durant l'Antiquité l'apanage des personnages illustres, mythologiques ou allégoriques.
La présence de végétaux et de fleurs couronnant la tête de notre personnage inciterait à penser que nous sommes ici en présence d'une représentation allégorique de l'une des quatre saisons (le printemps ?).
Ce thème iconographique païen d'origine gréco-romaine, fortement répandu, aurait été récupéré dans l'ensemble des provinces de l'Empire en raison de sa symbolique, selon laquelle les saisons seraient les garantes du renouvellement de l'année, et donc de la prospérité de toute chose et de chacun sur terre.
A. M
Présentation de l'œuvre
Vè-VIIè siècle ap J-C
Probablement Antinoé
Caractéristiques
Toile de lin écru ; tapisserie de lin écru et laine bleue, verte, jaune et rouge
H : 11.2 cm ; H : 1.3 cm ; l : 2 cm
Données spécifiques
A103A15
Don Guimet 1907 à L'institut Calvet
Bibliographie et expositions
Fastueuse Egypte
Sous la direction d'Odile Cavalier
Catalogue de l'exposition - 25 juin au 14 novembre 2011.
Avec la collaboration scientifique de Jean-Claude Goyon et Lilian Postel,
Paris, Editions Hazan, 2011