23.619 - JULIEN Jean-Antoine - La Poésie.jpg
23.619 - JULIEN Jean-Antoine - La Poésie.jpg
/sites/default/files/images_oeuvres/2023-09/23619-julien-jean-antoine-la-poesie.jpg

La poésie

Jean-Antoine Julien dit Julien de Parme

1767

Cette magnifique allégorie de l'Inspiration, est le fruit de l'ambiance "anticomaniaque" de l’Italie des années 1760-1770, où se développe autour de l'archéologue Winckelmann, et du peintre Raphaël Mengs, une véritable révolution du goût contre ce que Julien de Parme lui même appelle, dans son autobiographie, "la petite manière". 

L'initiateur de ce mouvement fut à Paris le célèbre comte de Caylus. Correspondant et ami d'Esprit Calvet, lui-même amateur et antiquaire, il se fait le chantre de ce mouvement et publie dans les années 1760, son Recueil d'antiquités, qui servit de base à l'apprentissage de Winckelmann pour son Histoire de l'Art, parue en 1765. 
Foin des pastorales, bergeries, chinoiseries, mythologies amoureuses, nus coquins et "enjoués" de Lemoyne et de Boucher... 
L'Antiquité, dont le sol romain fournit depuis deux siècles d'admirables modèles aux artistes, doit redevenir le seul modèle possible, celui du "grand goût noble et sévère". Julien, peintre autodidacte, précurseur du mouvement néoclassique, mal compris en son temps parce que maladroit souvent dans ses réalisations ambitieuses, séjournant à Paris de 1747 à 1755, regrettait déjà que l'étude de l'Antiquité fût alors si négligée en France : "Cette nation, la France, qui se pique de mettre de l'esprit et de la chaleur partout, n'a vu que de la glace dans les chefs-d’œuvre de l'Antiquité." Le visage, aux traits grecs, garde cette androgynie propre aux statues antiques que l'on pouvait admirer alors. Quittant Paris, dès 1760, pour l'Italie où il deviendra le peintre officiel du duc de Parme, Julien avait admiré les collections d'antiques de la Villa Albani, près de Rome, et l'Antinoüs, bas-relief découvert en 1734 dans les jardins de la Villa Hadriana, dont l'esprit imprègne cette toile. 
Comme le plafond représentant le Parnasse peint par Mengs en 1760-1761 dans la même Villa Albani, véritable manifeste du nouveau style. Mais sa Poésie n'a rien de la froideur du décor peint par Mengs. Même si Julien a parfaitement illustré le programme de "beau idéal" proposé par Winckelmann, selon lequel la tranquillité est l'état le plus convenable à la Beauté, comme à la mer", le personnage reste d'une grande vérité, animé par les dégradés de bruns chauds du peplos, la sensualité des formes et des carnations, les nuées encore rococo figurant le Parnasse, qui lui évitent l'écueil du glacial ; prouvant que l'on peut, comme Raphaël, dont Julien propose l'exemple, faire rimer beauté antique et nature vivante.
Marie-Pierre Foissy-Aufrère

Présentation de l'œuvre

Artiste
Jean-Antoine Julien dit Julien de Parme
Date

1767

Siècle
XVIIIe siècle

Caractéristiques

Matières

Huile sur toile
H. 0,980
L. 0,745 

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

23619

Musée d'accueil
Musée Calvet
Provenance

Donation de Marcel Puech à L'institut Calvet

Bibliographie et expositions

Bibliographie

Marcel Puech : une vie, un don : chefs-d'oeuvre de la donation Marcel Puech / Célia Alégret, Jacques Bastian, Christian Bonnin ; sous la direction de Marie-Pierre Foissy-Aufrère

À découvrir aussi

.

Scène de bataille en Gréce, 1828

Colonel LANGLOIS (Jean-Charles)
.

L’Enfant prodigue gardant les porcs

Paul VAYSON
.

Vue du Palais des Papes

Pierre RASPAY
Entre 1800 et 1810
.

Une jeune dame vêtue à l'espagnole

Alexis GRIMOU