Moïse sauvé des eaux

La paire de tableaux relatifs à l'histoire de Moise pose un problème particulier. Dans tout l'ensemble de l'ancienne collection Parrocel, c'est le seul cas où on ne peut éviter de se demander si une oeuvre d'un autre artiste qu'Étienne ne se serait pas trouvée dans la collection acquise par le marquis de Parrocel. 

Que le Moise sauvé des eaux porte au dos une inscription Pierre Parrocel ne doit pas troubler : elle se réfère selon toute vraisemblance au fils d'Étienne Antoine. C'est bien plutôt l'aspect des deux tableaux qui fait naître un doute. Le Moise sauvé des eaux a tous les caractères des oeuvres d'Etienne Parrocel : la composition dispose, en cercle autour de la fille du pharaon, des servantes dont les regards convergent vers la corbeille du petit Moïse ; le fond est traité dans les tons bruns et bleu-vert dont le peintre est coutumier ; seule est détachée par la lumière la princesse vêtue d'une robe blanche éclatante que couvre en partie un manteau dont le bleu vif donne au tableau sa note principale. 

Le Moïse défendant les filles de Jéthro (cat. n° 134) est composé d'une manière toute différente. 

Un tableau du musée de São Paolo représentant Les Filles de Jéthro et exposé comme Ciro Ferri présente tant de similitudes que l'on peut y voir une autre version de celui d'Avignon. Sans exclure catégoriquement l'attribution traditionnelle, il nous semble donc qu'il faut ici la nuancer d'un doute. Il pourrait se faire que ces deux pendants présumés appartiennent à une série composite sur la vie de Moïse à laquelle Etienne Parrocel aurait contribué sans être responsable de l'ensemble.