Persée tranche la tête de Méduse

Nicolas MIGNARD

Ce groupe de peintures, apparu sur le marché près de vingt ans après l'exposition consacrée à Nicolas Mignard, avait été catalogué par Adrien Marcel (1931) mais apparemment sans qu'il ait vu les œuvres.
Elles proviennent d'un ensemble beaucoup plus important. Deux séries de tableaux de Nicolas Mignard ornaient autrefois l'hôtel de Fortia de Montréal, rue de la Masse (aujourd'hui rue du Roi-René) à Avignon : une Histoire de Theagène et Chariclée et une suite de sujets mythologiques et allégoriques s'alternant avec des paysages. C'est à la deuxième qu'appartiennent les peintures de Calvet.

En 1824 elles ont été reproduites en lithographie par Drouillière, à Saint-Pétersbourg. L'unique exemplaire connu de cet album, ac quis par L'institut Calvet en 2000, est conservé à la bibliothèque d'Avignon. Les peintures aujourd'hui à Calvet témoignent de la pro fonde influence exercée par Rome sur Nicolas Mignard.

Nicolas Mignard était le mieux placé pour importer à Avignon ce nouveau goût de paysage.

Le sujet, souvent traité, est tiré des Métamorphoses (IV, 782-786). Persée, le fils de Jupiter et de Danaé, protégé par Minerve et Mercure, pénètre dans la caverne de Méduse, la Gorgone dont la vue pétrifie les hommes ou les animaux, qui la regardent.

Il la surprend dans son sommeil, à côté de ses deux soeurs. Guidé par le reflet qu'il voit dans le bouclier de Minerve, il échappe à la pétrification et lui tranche la tête. Fixée sur le bouclier, elle deviendra ensuite un attribut de la déesse.

Persée décapitant Méduse est le sujet d'une lunette du camerino, décoré en 1595- 1597. Nicolas Mignard l'a lui même traduite dans une estampe. Comme pour Ulysse et les sirènes, il semble suivre dans la peinture Fortia sa propre interprétation plus que l'oeuvre originale.

Le lumineux paysage d'Annibal Carrache est sacrifié au bénéfice d'une scène sculptée dans un bronze dont les sombres reflets sont en accord avec le caractère horrible de l'action.