Vue de la place du Palais avec le cortège d'un vice légat

Claude Gordot, peintre avignonnais (1722-1804) :"Un cortège devant le Palais des Papes en 1774."Ce tableau acheté en 1835 par L'institut Calvet d'Avignon est exposé au Palais des Papes près de la Grande Chapelle. Il nous incite à parcourir l'histoire de ce lieu emblématique inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1995.

Siège de la chrétienté d'occident au 14e siècle, ce Palais surplombe le Rhône et le pont St Bénezet (dit pont d'Avignon) carrefour incontournable à l'époque entre l'Espagne, l'Italie et la France. Arrivés d'Italie en 1309 pour se protéger dans leur État du Comtat Venaissin fondé en 1274, sept papes y résident jusqu'en 1377. Deux antipapes s'y maintiendront ensuite jusqu'en 1417, date de la fin du Grand schisme d'Occident. Le Palais initial devient une immense forteresse entre 1335 et 1352 (17 ans) grâce aux travaux de Benoît XII et Clément VI. Alexandre Dumas dira :"Devant lui on ne voit que lui, derrière lui la ville entière disparaît". Il sera maintes fois attaqué sans succès.

À partir de 1433, vingt et un Légats pontificaux gouvernent Avignon et le Comtat depuis ce monument gothique. Vingt-trois Vice-légats (dont Mazarin) feront de même à partir de 1691 jusqu'à l'annexion au "Royaume de France "en 1791.Les militaires l'occupent après la Révolution, ils le rendent à la Ville en 1903 dans un triste état.

Le tableau montre une composition théâtralisée de l'arrivée en 1774 sur la place du Palais du Nonce apostolique Guiseppe Doria Pamphilj, âgé de 23 ans accompagné du Vice-légat Francesco-Maria Manzi. La scène montre le cortège de cavaliers, soldats et carrosses, à gauche la foule puis l'Hôtel des Monnaies (1619), au fond le Palais des Archevêques, maintenant le Petit Palais (1317) et, en retour, la Cathédrale des Doms (1150). Sur la droite se trouve le Palais des Papes avec, en premier plan du tableau, la Grande Audience surmontée de la Grande Chapelle, la tour de la Gâche, et la porte des Champeaux avec ses fortifications (Ravalins) et un pont-levis.

Bernard Gamel-Cazalis.