Tunique fragmentaire adulte
Ve-VIIe S. apr. J.-C
A partir du IIIème siècle de notre ère, sous l'influence de la mode vestimentaire orientale, les ornementations des tuniques se multiplient et se diversifient, avec l'apparition des orbiculi et des tabulae au niveau des épaules et des genoux, des galons de poignet ou encore des bandes et plastron d'encolure. La plupart des tuniques étaient alors tissées en croix, en une seule ou trois pièces selon la longueur désirée.
Pour ce faire, le tisserand utilisait un métier vertical, sur lequel il disposait des fils de chaîne de la largeur d'une manche, par laquelle il commençait le tissage. Arrivé au niveau des aisselles, il rajoutait des fils de chaîne à gauche et à droite suivant la hauteur du vêtement souhaitée. Il tissait ensuite le corps, avant et arrière, de la tunique, tout en exécutant si nécessaire les décors en tapisserie au fur et à mesure. L'ouverture permettant le passage de la tête était également ménagée au fil du tissage par un relais (fente) créé par les trames faisant retour sur deux fils de chaîne au centre de la pièce.
Une fois tissé le corps du vêtement, le tisserand supprimait les fils de chaîne en excès pour ne garder que ceux nécessaires à l'exécution de la seconde manche, par laquelle s'achevait la confection de la tunique. A la descente du métier, celle-ci était alors pliée en deux et cousue sur les côtés et sous les bras, à l'exception des aisselles, où une ouverture était laissée afin de faciliter les mouvements.
Les dimensions de la seconde tunique tissée en toile de lin, indiquent qu'il s'agit d'un vêtement d'adulte.
Les manches, l'avant et l'arrière sont en partis conservés. Les lisières et bordures sous les aisselles ont été soulignées par une tresse de laine rouge et ménagent des ouvertures favorisant l'aisance des gestes du propriétaire. Leur présence indiquerait une date de confection de cette tunique antérieure à l'invasion des Arabes (640-642), qui, les premiers, auraient introduit en Egypte les carrés d'aisance placés au niveau des aisselles, faisant ainsi progressivement disparaître ce type d'ouvertures.
Au centre de la pièce, un bourrelet faisant le tour de la taille correspond à la couture de deux pièces de lin, réunies afin de rallonger la tunique, ce qui indique que le tissage a été effectué en trois parties. Après avoir tissé le haut du corps en croix comme pour la tunique précédente, le tisserand a en effet confectionné deux pièces rectangulaires de la largeur du corps du vêtement. Une fois le haut du corps replié, il est alors venu coudre une de ces deux pièces rectangulaires sur l'avant du vêtement, l'autre sur l'arrière, avant de terminer la tunique en cousant ensemble les bordures et les lisières.
Sur les parties inférieures de la tunique, enfin, des éléments de tapisserie bicolore rapportés composent un décor constitué d'une frise alternant motifs de profils humains et fleurons stylisés, ainsi que de carrés ornés d'oiseaux. La répartition de ces divers éléments sur le vêtement se rapproche de celle du décor d'une tunique conservée au musée du Louvre, sur laquelle on peut observer des bandes à retour d'équerre similaires soulignant le bas du vêtement des tabulae au niveau des genoux. Celle-ci comporte en outre des galons de poignet et une encolure ornée d'un plastron, de clavi et de carrés d'épaule, éléments ayant peut-être autrefois orné notre tunique, mais désormais perdus dans les lacunes de la pièce.
L'aspect composite de cette étoffe ne permet pas de dater la tunique ou les tapisseries avec précision. Néanmoins, les techniques mises en euvre et les décors en présence permettent de rattacher notre tunique aux productions byzantines des Ve-VIle siècles après J.-C.
A. M.
Présentation de l'œuvre
Ve-VIIe S. apr. J.-C
Probablement Antinoé
Caractéristiques
Toile de lin écru : tapisserie de lin écru et laine jaune, verte, rouge et violette
H.71 cm ; L. 56 cm ;L. 24 cm
Plastron : H.11 cm
Bandes : H.3 cm
Données spécifiques
A103A5
Don Guimet 1907 à L'institut Calvet
Bibliographie et expositions
Fastueuse Egypte
Sous la direction d'Odile Cavalier
Catalogue de l'exposition - 25 juin au 14 novembre 2011.
Avec la collaboration scientifique de Jean-Claude Goyon et Lilian Postel,
Paris, Editions Hazan, 2011
