Aristée et Protée ?

Le sujet de ce dessin pose un certain problème dans l'interprétation. En effet, une inscription tracée par une main inconnue propose d'y voir Aristée et Protée. Cette hypothèse n'est pas à prendre à la légère car c'est un sujet très rarement représenté. 

Protée est le dieu marin de la transformation qui ne peut être soumis que pendant son sommeil. C'est alors qu'il prend forme humaine, prédit l'avenir et éclaire ceux qui l'interrogent. Aristée est un berger désespéré de voir périr toutes ses abeilles, il cherche alors à savoir qui est l'auteur de cette malédiction. En voyant Protée sortir de l'eau, il le saisit et l'enchaîne. Habituellement représenté comme un beau jeune homme, fils d'Apollon, il est ici représenté comme un homme mûr. 

La présence des animaux est très énigmatique. On pourrait identifier un chien, un âne et potentiellement un ours dans un chaudron à gauche. Il est possible qu'il s'agisse des différentes incarnations de Protée, dieu de la métamorphose, mais leur lien avec le reste est toujours un mystère. 

Louis Brandin, connu en Italie sous le nom de Brandino, est un maniériste qui a un goût pour l'étrange. Il aime semer ses œuvres de rébus et jouer avec le spectateur. La sophistication déconcertante est celle de toute une époque : autour de 1600, elle règne sur les cours raffinées de Nancy comme de Prague ou, pour Brandin, de Turin.