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La Vierge apparaît au pape Pie V

Pierre PARROCEL

Le sujet de cette peinture ne fait aucun doute : au fond des vaisseaux s'affrontent sous un ciel parcouru d'éclairs ; un ange déchaîne la foudre au-dessus d'eux; au premier plan et au centre, un pape, reconnaissable à la calotte et à la mosette rouges qu'il porte, est à genoux devant la Vierge qui lui apparaît avec I'Enfant Jésus dans ses bras. 

Il s'agit évidemment de la bataille de Lépante, dont saint Pie V attribuait le mérite à l'intercession de Marie et à la puissance du rosaire (voir cat. n° 291). 
Le profil de ce pape austère et combatif se reconnaît sans peine. La source pourrait être le portrait aujourd'hui perdu qu'en fit Bartolomeo Passarotti, qui est connu par de nombreuses copies. 

La scène, figurée sous une arcade, donne l'impression d'être destinée à un décor mural. Or, la vision de saint Pie Va été effectivement représentée à Sainte-Sabine, le couvent des dominicains de Rome, dans la cellule où avait vécu le futur pape. L'une des peintures exécutées en 1710 par Domenico Maria Muratori (1661-1744) représente le moment où Pie V, au travail dans son palais, est appelé vers une fenêtre d'où il assiste à la rencontre de la flotte turque et de la flotte chrétienne en train de se dérouler dans le golfe de Corinthe alors que la nouvelle de la victoire ne devait parvenir à Rome que plusieurs semaines plus tard. 
L'oeuvre de Muratori surmonte la porte de la cellule en s'insérant dans une lunette dont la forme est la même que celle de l'esquisse Puech. Le style sévère du peintre des Marches ne permet pas de croire que l'esquisse d'Avignon lui revienne ; elle correspond à un autre projet que celui qui a été exécuté. 

Comme elle fait partie d'un fonds Parrocel, il est très vraisemblable qu'elle revient à un artiste de cette famille, mais ce ne peut pas être Etienne, qui avait moins de quinze ans en 1710. C'est pourquoi nous proposons d'y voir une œuvre de Pierre Parrocel, lequel peut s'être trouvé à Rome à ce moment. 
Un fait appuie cette supposition : le 9 juin 1710, il fit un testament, révoqué plus tard par celui du 15 mai 1730 (ADV, 3E 10/327, f. 155r). Il n'est pas certain qu'il ait accompli cette formalité en prévision d'un long voyage, mais c'était un usage fréquent. 

Dans l'esquisse Puech, le pape agenouillé se tourne vers le groupe de la Vierge et I'Enfant ; son regard ne suit pas le geste qui désigne la bataille en cours. Bien mis en évidence dans la peinture de Muratori, le chapelet est omis dans la maquette. Muratori souligne le caractère historique de l'événement qu'il représente alors que l'auteur de la petite peinture le traite dans un climat fabuleux et se sert de la lunette à décorer comme d'une scène dont les rideaux rouges agités par le vent viendraient de découvrir l'ouverture. 

La course de son pinceau laisse de petites touches qui vibrent comme des flammèches, avec un peu de complaisance pour les effets de calligraphie. Les drapés se fragmentent en une multitude de petits plis  qui font songer à l'esquisse du Songe de saint Joseph, et rend très vrai semblable l'attribution de cette Bataille de Lépante à Pierre Parrocel.

Présentation de l'œuvre

Artiste
Pierre PARROCEL
Siècle
XVIIIe siècle

Caractéristiques

Matières

H. 0,415 ; L. 0,616 

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

998.1.73

Musée d'accueil
Musée Calvet
Provenance

Donation Marcel Puech à L'institut Calvet

Bibliographie et expositions

Bibliographie

La peinture française du XVIème au XVIIIème siècle 
Par Georges Brunel, édition Silvana Editoriale, Milano, 2015.

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