Laban cherchant ses idoles

Comme le rappelle Michel Hilaire (Marseille, 1978), il n'était pas rare au temps de Louis XIV de voir des particuliers acquérir des tableaux religieux d'un format monumental pour le décor de leur demeure. 
Si le Laban cherchant ses idoles a été commandé pour l'hộtel de Crillon à Avignon, il faut placer ce travail dans les dix années que Levieux a passées dans cette ville, entre 1650 et 1660.

La composition a la clarté et la rigueur que le peintre affectionne. Sur un fond de paysage, trois groupes de personnages occupent toute la largeur du premier plan : à gauche sont assises ou accroupies deux femmes, dont I'une donne le sein à un petit enfant. Ce sont Léa et Rachel les deux filles de Laban que Jacob a épousées.

A droite Laban à genoux fouille dans les coffres de Jacob et la masse de son corps incliné équilibre celle des jeunes femmes. Au centre, Jacob et trois serviteurs debout, appuyés sur des piques, dominent les autres figures, effet de symétrie parfaite, qui évite la raideur grâce à la variété dans I'inclinaison des têtes, le mouvement des mains et le croisement des regards. 

L'histoire est racontée sur un mode simple et direct. Rachel, l'épouse préférée de Jacob, a caché les statues volées à son père dans le ballot sur lequel elle est assise et fait semblant de ne pas pouvoir se lever tout en regardant sa sœur avec une sourire malicieux. Levieux a placé son visage dans la lumière et enveloppé d'une ombre le profil de Léa, la fille aux yeux chassieux et à la mine rebutante que Jacob n'avait épousée qu'à contre-cœur et parce qu'elle était l'aînée (Genèse, 28, 26),.