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Marine, soleil levant

Joseph VERNET

(1757)

Lagrange a identifié le tableau de L'institut Calvet portant le n° 282 du catalogue de 1858, avec une commande du baron de Montfaucon, portée par Joseph Vernet dans son livre de raison pour 50 louis « un tableau en toile d'empereur » (1864, p. 34l). 

Dans le corps de son ouvrage, il intitule le tableau « Marine au soleil levant » et dit qu’il aurait été payé 58 louis (ibid., p. 83). Il daterait du séjour que Vernet fit à Avignon de juillet à septembre 1756. Reprenant à son compte la tradition rapportée par les catalogues à partir de 1829, Lagrange explique que Montfaucon avait demandé au peintre de représenter sa propre femme « au premier plan, sous le costume d'une femme du peuple qui donne à boire à un petit garçon. Mais en 1879 Augustin Deloye a émis des doutes sur la véracité de cette tradition, faisant remarquer qu'en 1757 Livio Vernet avait dix ans et Carle n'était pas encore né ; le petit enfant que sa mère fait boire ne peut donc être ni l'un ni l'autre ; il ajoute qu'Horace Vernet n'ajoutait pas foi à cette légende. 

Ce que le tableau était célèbre au début du XIX* siècle. Jean-Baptiste Le Brun l'admirait, si l'on en croit Jérôme Sauvan. Pour Clément de Ris (1864), c'était « le meilleur .. de tous les Vernet d’Avignon. 

Aujourd'hui, quels qu'aient été les accroissements de la collection, la Marine Montfaucon reste l'un des plus beaux Vernet de L'institut Calvet. Sa date le situe au meilleur moment de la carrière du peintre, riche des expériences gagnées en vingt ans d'Italie, heureux époux que les déboires familiaux n’ont pas encore atteint et enfant prodigue triomphalement reçu dans son pays natal.

Les souvenirs de Rome sont nombreux : à droite le temple toscan et à gauche, derrière les arbres, le château Saint-Ange ; les collines du fond évoquent, sans la décrire précisément, la baie de Naples. L'agitation du petit peuple répandu sur le quai crée une atmosphère vivante et gaie ; les attitudes sont observées avec finesse et traduites avec bonne humeur d'un pinceau vif et léger. 

Derrière cette apparente désinvolture, il faut admirer la parfaite maîtrise de la composition. Le soleil se couche à gauche, répandant une lumière rose sur laquelle se dessinent à contre-jour les branches de grands arbres vus à mi-distance. Une lumière dorée se répand sur les colonnes et le fronton ébréché du temple au premier plan à droite. Au fond la côte escarpée descend progressivement vers la mer et vient mourir sur un phare dont la ligne verticale ponctue le centre du tableau. La coque grise d'un gros vaisseau au milieu de la baie contraste avec la rougeur diffuse qui baigne les rives et se reflète dans l'eau bleue. Le souvenir de Claude Lorrain est évident, mais avec un accent différent. Les plans successifs sont marqués par des coulisses latérales dont la profondeur alterne d'un côté à l'autre, ce qui donne à la scène de Vernet un aspect plus théâtral et moins onirique que celles de son grand prédécesseur.

 

D’après Georges BRUNEL

Présentation de l'œuvre

Artiste
Joseph VERNET
Date

(1757)

Siècle
XVIIIe siècle

Caractéristiques

Matières

Huile sur toile

Taille H: 0.99 L : 1.36 

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

824.2

Musée d'accueil
Musée Calvet
Provenance

Achat de L'institut Calvet à M. Boudin en 1824 (délibération reg. A1 p 194 du 13/11/1824)

Bibliographie et expositions

Bibliographie

La peinture française du XVIème au XVIIIème siècle. 
Catalogue raisonné du Musée Calvet 
Edition Silvana Editoriale 2015

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