Nature morte aux légumes et abricots

Michel Faré, qui a été l'un des premiers à donner une vue d'en semble de cet artiste, le place à la charnière entre les spécialistes de la nature morte austère et géométrique, tels que Jacques Linard ou Louise Moillon, et ceux qui, avec Monnoyer, tendent vers le somptueux et le décoratif.

Le tableau Puech est en effet à mi-chemin des deux manières. 
Sa composition, extrêmement rigoureuse, n'est pas rigide pour autant. Elle se déploie autour d'un axe vertical marqué par le mur de briques décrépit dont un angle surgit dans la lumière. 
Contre ce fond sont entassés dans un apparent désordre une branche d'artichaut, deux gros choux, des concombres, l'extrémité d'une tige de céleri et un navet; au dessus de ces légumes des abricots sont retenus par un ruban rouge. 
La lumière venue de la gauche fait émerger de l'obscurité le volume des feuilles en dessinant leur contour d'un trait acéré. 

Il n'y a pas de symétrie entre les deux parties du tableau mais plutôt un balancement contrasté entre couleurs et volumes. Le jaune des abricots en haut à droite répond au bleu du chou en bas à gauche et la rondeur épanouie du chou en bas à droite a pour contrepartie le vide noir qui se creuse en haut à gauche. 
La branche d'artichaut posée en oblique et à demi-immergée dans l'ombre fait passer le regard d'une partie à l'autre avec souplesse. 

Les objets représentés, qui sont en eux-mêmes des fruits et des légumes tout à fait communs, ont une densité et comme une présence muette qui rappelle l'art des Moillon ou des Baugin, mais leur savant arrangement préfigure les riches corbeilles de fleurs gui viendront décorer le dessus des portes ou la bordure des glaces à la fin du règne de Louis XIV,.