Paysage avec figures

Deux paysages de Pillement ( inv. 836.5.4 et 836.5.5) ont été donnés au musée Calvet par Esprit Requien en 1856. On ne sait pas comment il les avait acquis. 

L'artiste était mort à Lyon une trentaine d'années plus tôt, après avoir passé la période de la Révolution à Pézenas. Un échange de lettres entre Pillement et Gamelin montre que ce dernier lui servait alors d'agent commercial (Gordon-Smith, 2006, p. 245-250, qui s'appuie sur Hahn, 1971). C'est ainsi qu'il pouvait continuer à vendre ses tableaux malgré sa demi-retraite.

Ils sont nombreux dans les collections d'amateurs languedociens ou provençaux. Les deux paysages Requien ont peu attiré l'attention des visiteurs passés par le musée Calvet aux XIXème et XXème siècles. Ils sont pourtant d'une très belle qualité. Sans doute l'inspiration de l'artiste n'a-t-elle rien de bien nouveau. 

Les ruines perdues dans la végétation, les horizons bleuâtres et les petits personnages cheminant au soleil rappellent les paysagistes hollandais du XVIIème siècle revus à travers Boucher. L'aspect des fragments d'architecture montre chez Pillement une curiosité à l'égard du Moyen Age qu'il devait peut-être à son long séjour en Angleterre mais qui est nouvelle en France.

L'originalité est dans la facture : quoique les deux peintures soient des huiles sur toile, penser à des pastels, technique que l'artiste a souvent utilisée à cette période. Leur matière a quelque chose de compact, faite comme elle est de petites touches rapprochées qui ne se fondent jamais.