Vue d'Avignon et de l’ile de la Barthelasse prise depuis la route de Nîmes

L’artiste ne semble pas avoir respecté les règles de la perspective linéaire, s'accommodant des proportions des bâtiments en les amplifiant et adaptant leur agencement dans l'espace, afin de les inscrire dans une même composition. Ce paysage de campagne embrasse, dans un vaste panorama, l’environnement naturel de la ville, les iles Piot et de la Barthelasse. A l'arrière-plan, les symboles architecturaux d'Avignon sont bien détachés et artificiellement exagérés, comme le pont Saint-Bénézet, les remparts ou le Palais des Papes, mis particulièrement en valeur par la lumière sur une partie de l'édifice. 
Antoine Chantron a réussi à animer le premier plan de sa composition grâce aux petites figures de paysans et de bohémiens, disposées sur et le long d’une route qui se perd vers la gauche Ce paysage romantique s'inscrit, à limage des lithographies et des aquarelles de Jean-Joseph Bonaventure Laurens (1801 1890), dans le courant de l'époque qui voit les artistes décrire, de manière minutieuse et rigoureuse, les monuments historiques en péril. 
Ancien officier supérieur de l'armée, Antoine Chantron se consacre à la peinture de paysage après sa retraite de l’armée en 1832. Cet artiste exécute notamment plusieurs vues générales d'Avignon, du Palais des Papes et des sites remarquables du département du Vaucluse. 
Nous connaissons une version quasiment identique à cette composition, peinte en 1839, également conservé au musée Calvet. Près de cinquante ans plus tard, plusieurs photographes avignonnais tels que Jean Baptiste Michel (1832-1899) et Florent Miesienski (1857-1915) réaliseront des clichés selon un point de vue assez similaire, à partir des hauteurs du village de Villeneuve-lès-Avignon