Bacchus enfant confié aux nymphes
Mercure prend son enfant des mains de Junon pour le confier à Jupiter . C'est que les deux figures qu'on voit dans le ciel ont été mal interprétées, Ce ne sont pas Jupiter et Mercure mais Jupiter auquel Hébé remet une coupe. L'histoire racontée dans les Métamorphoses(1Il. 286-316) est la suivante.
Aimée de Jupiter, dont elle porte un enfant, Sémélé a voulu à toute force connaitre l'étreinte du dieu sous sa forme céleste et a péri dans le feu. Le père extrait sa progéniture du corps carbonisé de la mère et la gestation s'achève dans la cuisse du roi des dieux. Pour prévenir la malveillance de Junon, Jupiter fait remettre par Mercure le petit Bacchus à peine né aux nymphes de Nysa. Bien des traits de cette histoire la rapprochent de celle de Jupiter enfant nourri par la chèvre Amalthée sous la protection des Curètes. On remarque ainsi dans le tableau de Louis de Boullogne une chèvre, en bas à gauche, qu 'une nymphe s'occupe à traire. Mais la présence de Mercure au centre, qui désigne de la pointe de son caducée Jupiter trônant dans le ciel, exclut toute hésitation. La chèvre doit se comprendre comme un symbole bachique, de même que les petits enfants qui se disputent des grappes de raisin. Il est tentant d'identifier ce tableau avec celui qui a été catalogué par Caix de Saint-Aymour (1919) comme une oeuvre de Louis II. La peinture en question fut vendue le 27 mars 1737i elle faisait partie de la célebre collection réunie par la comtesse de Verrue.
Le catalogue de sa vente porte : « Boulogne. 26. Deux grands tableaux : l'un représente Vénus sortant de la mer, l'autre la naissance de Bacchus » (d'après la copie manuscrite conservée à la bibliothèque de l'INHA). Un autre exemplaire existe, identique de composition mais légèrement plus petit ; il se trouve à Potsdam depuis 1772 (voir oeuvres en rapport). Le sujet de l'enfant Bacchus remis aux nymphes par Mercure est toutefois fréquent et l'on ne peut pas être sûr de l'identification. Si, comme tout l'indique, le tableau a été exposé au Salon de 1704, il date probablement d'un ou deux ans avant et c'est donc à juste titre que le catalogue de l'exposition de Sceaux (2013) le place autour de 1700.
De toute évidence Boullogne s'est inspiré de la Naissance de Bacchus de Poussin (vers 1657 ; Cambridge, Massachussets, Fogg Art Museum), tableau qui était au XVIII° siècle dans la galerie du duc d'Orléans. II conservé l'épisode céleste de Jupiter et Hébé, mais remplacé le groupe d'Écho et Narcisse, en bas à droite, par les enfants mangeurs de raisins. Il a supprimé aussi le dieu Pan qui joue de sa flûte en solitaire assis sous des arbres. Alors que Poussin dispose ses person nages sur des plans proches les uns des autres et paralleles à celu du tableau, Boullogne enchaîne souplement les gestes et les regard de manière à accentuer la profondeur de l'espace. Là où PoussI invite à méditer sur l'opposition entre les forces de la vie et celle de la mort, Boullogne raconte dans un langage élégant et fluide amusant fait divers mythologique.
Présentation de l'œuvre
Caractéristiques
H : 0.94 L : 1.26
Données spécifiques
827.5.59
Acquis par L'institut Calvet en 1827 Collection Jérôme Sauvan