La Chapelle Pierre-de-Luxembourg aux célestins
Curieuse plus que belle, cette peinture est un document de première importance sur ce qui fut l'une des merveilles d'Avignon. L'église des célestins en effet, ravagée d'abord par la Révolution, puis par les affectations successives de l'édifice, ne conserve plus de trace des monuments funéraires qu'elle abritait et dont le plus célèbre était celui du cardinal Pierre de Luxembourg. Toute une chapelle lui avait été dédiée, dont seuls subsistent les murs, entre la rue Saint-Michel et la place des Corps-Saints, et la représentation de l'intérieur donnée par ce tableau.
Pierre de Luxembourg avait voulu être enterré comme un pauvre dans un terrain public, hors de toute église, in loco publico extra capellas. Il mourut à Villeneuve-lès-Avignon, le 2 juillet 1387, à peine âgé de dix huit ans. Clément VII, qui l'avait créé cardinal, fit transporter son corps à Avignon et on l'inhuma dans un cimetière commun situé sur le chemin conduisant à la porte Saint-Michel. La réputation du jeune cardinal était déjà si grande que sa sépulture devint tout de suite un lieu de pèlerinage. Il n'était pas canonisé et d'ailleurs ne devait jamais l'être, mais cela n'empêcha pas le peuple d'Avignon de le considérer comme un saint.
En 1389, une chapelle en bois fut élevée sur l'emplacement de sa tombe. En 1594 un monastère de célestins fut fondé à côté, sous la protection immédiate du roi de France Charles VI. Le voisinage des restes de Pierre de Luxembourg valut à l'endroit d'être dénommé place du Corps-Saint. On lui dédia une chapelle bâtie tout exprès entre 1425 et 1449, qui était greffée sur le transept nord de l'église et qui fut consacrée en 1473. Elle était ornée d'un retable dont la reconstruction fut confiée en 1625 à François de La Valfenière.
En 1627 les reliques furent placées dans le nouveau monument et la chapelle fut achevée en 1641. L'architecte attachait tant de prix à cette œuvre qu'il s'y fit enterrer lui-même en 1667. En revanche, dans son séjour à Avignon en 1738, le président de Brosses manifesta peu d'estime pour ce monument : "Les célestins ont un tombeau du bienheureux Pierre de Luxembourg dont ils font tort un grand cancan".
Une peinture au sujet analogue a été mentionnée au début du XVIIème siècle par Justus Zinzerling, un jeune savant allemand qui visitait la France et a publié la relation de son voyage en latin sous le nom de Jodocus Sincerus. II ne s'agit pas du même tableau, comme l'a montré Alain Breton, qui note en revanche que celui que nous possédons aujourd'hui est sommairement décrit par l'abbé de Véras (ABM, ms. 2880, f. 105).
L'enfant ressuscité était tombé de la tour de la Campane le 14 mai 1432 mais l'ex-voto actuel est bien postérieur et remonte, selon Breton (1988-1989), aux années qui suivent immédiatement l'achèvement de la chapelle. Le tableau représenté tout au fond, un portrait de Pierre de Luxembourg, a aujourd'hui disparu. L'ex-voto, selon Charvet (1895), aurait été trouvé et acheté par Augustin Boudin, puis offert par celui-ci au curé de Saint-Didier.
Girard (1958) mentionne encore le tableau à Saint-Didier. Au moment de son entrée au musée Calvet, un rapport, non signé mais probablement rédigé par Georges de Loÿe, souligne l'intérêt documentaire de la peinture, dont il juge modeste la qualité artistique, appréciation qu'il est difficile de contester.
Présentation de l'œuvre
Caractéristiques
H 0.875 L 0.645
Intérieur de l'ancienne chapelle du bienheureux Pierre du Luxembourg aux Corps Saint. Guérison miraculeuse d'un enfant.
Données spécifiques
22759
Don à L'institut Calvet par le curé de Saint-Didier - Collection Augustin Boudin